Les pêcheurs indignés
Sandres, brochets, brèmes, perches et autres poissons blancs sont morts en masse la semaine passée et aujourd'hui encore des poissons continuent de périr...
Le ramassage des poissons "visibles" (et tous n'ont pas pu être ramassés) fait état d'un minimum d'une tonne de pertes. Les bénévoles, le club de canoë Kayak, les pêcheurs, la fédération de pêche, le syndicat du bassin versant de Grand Lieu et les membres de la commune ont passé plusieurs journées cette semaine à faire le ramassage et ils soulignent qu'un très grand nombre d'individus n'ont pas encore pu être répertoriés ni ramassés. Combien sont encore entassés sur les fonds de la Boulogne et combien vont remonter à la surface les prochains jours ?
La vie associative autour de la pêche est indignée et encore plus par la nature des événements et notamment la latence des services de la préfecture. Après avoir été prévenu le lundi 06 mai de rejet suspect de lisiers dans la Boulogne en provenance du ruisseau de la Rue (Limitrophe des communes de Montreverd et des Lucs sur Boulogne), puis le vendredi 10 mai suite à l'absence d'un retour et le constat de mortalités piscicoles, la première visite n'a eu lieu que ce lundi 13 mai . Une visite effectuée sur le dernier bief atteint et où les polluants avaient déjà été - en partie - dilués. Au point qu'à ce jour, les mêmes services de l'état indiquent qu'ils ne sont pas en mesure d'identifier le coupable ?????
Une situation très dommageable puisqu'en tant qu'association, l'AAPPMA (Association Agrée Pour la protection du Milieu Aquatique) n'a aucun droit d'intervention ni d'enquête. Avec une intervention plus rapide, force est de constater que les dommages auraient pu être limitées - notamment par la mise en place de dispositifs de protection afin de limiter cette diffusion de lisiers. Et surtout, l'origine de la pollution aurait pu être immédiatement localisée.
La fédération de pêche et l'AAPPMA - qui luttons depuis maintenant près d'une semaine - sommes en colère. D'autant qu'il semblerait qu'aucun service "de l'eau" ne semble vouloir lever le doigt ni même s'investir dans la recherche de l'origine de cette pollution qui vient de décimer la population piscicole de 10km de rivière ! Une situation tout simplement honteuse !
A quoi bon avoir des services spécifiques pour la surveillance et la gestion de l'eau si aucune action n'est engagée au moindre incident ? Un courrier avec accusé et réception a été envoyé au Préfet de Vendée pour demander des explications sur la latence de ses services. Dans l'espoir également que les choses aillent désormais dans le bon sens...
Il est impératif que les pollueurs soient identifiés et sanctionnés !
Il faut rappeler que seuls les pêcheurs payent une taxe sur l'eau par l'achat d'une carte de pêche. Et la situation actuelle est en train de créer un très fort mécontentement.
D'autant qu'au regard des nouvelles directives Européennes sur la qualité de l'eau, des diverses actions et aménagements menés pour améliorer la qualité de nos rivières, des nombreux travaux engagés sur nos parcours notamment avec le Syndicat du bassin versant de Grand Lieu, force est de constater que l'argent est foutu en l'air. A quoi bon s'investir à améliorer un milieu, à favoriser le développement de la faune si tout est détruit en l'espace de quelques jours sans que la moindre personne en soit inquiétée !
Dès qu'il s'agit du monde aquatique où la vie est pourrons-nous dire "invisible" (puisque caché sous la surface) l'homme ne se souci pas des dysfonctionnements occasionnés par nos interactions. Promeneurs, chasseurs, pêcheurs et utilisateurs de l'eau se doivent de s'intéresser aux problèmes aquatiques que cela soit dans la Boulogne ou ailleurs mais chaque utilisateur doit également prendre ses dispositions pour préserver les milieux visibles et invisibles. Une telle pollution ne doit pas rester impuni et les pêcheurs ne doivent pas être les seuls à payer les erreurs humaines...
Aujourd'hui le monde associatif autour de la pêche est attristé, fédération de pêche et AAPPMA travaillons main dans la main pour la protection du milieu aquatique et surtout pour gérer cette crise .
Et oui nous employons bien le mot "crise" !!!
Cette pollution est la goutte qui fait déborder le vase, la dernière date d'il y'a 6 ans et si aujourd'hui le secteur pollué a retrouvé une certaine jeunesse, la procédure est toujours en cours avec un pollueur identifié mais toujours pas inquiété....
Que dires des photos ci-dessous et du travail effectué à nettoyer les abords de la rivière pour dégager la végétation, que dire de la formation de nos jeunes avec l'école de pêche, que dire des alevinages en soutien aux populations en place, que dire tout simplement du travail engagé par des dizaines de bénévoles pour satisfaire un plus grand nombre...
Quel est aujourd'hui le recul que nous pouvons avoir sur les nombreuses réunions jusqu'à tard le soir, sur les heures d'efforts individuels loin de nos familles ? .... si ce n'est qu'il s'agit d'un pur gâchis d'énergie et d'investissement individuel par une négligence - volontaire ou non - humaine. Les sourires de certaines photos ci-dessus ne sont plus .....
Des milliers d'heures cumulées à se réunir, travailler, nettoyer, préserver et aujourd'hui se sont les mêmes personnes qui ramassent les cadavres. Nous cachons pas nos sentiments à ramasser "MORT" le fruit de nos efforts. Un travail gâché et souillé par un ou des agriculteur(s) malveillant(s)...
Un simple accident ni une simple fuite ne peuvent créer une telle mortalité. Nous restons persuadés qu'il s'agit d'un rejet volontaire. Le poids (pour ne pas dire le pouvoir) de l'agriculture semble bénéficier d'un traitement de faveur.
Nous l'écrivons ici et croyez nous que nous n'avons aucun propos négatif sur les agriculteurs dans le "sens" large mais les "brebis" galeuses qui ne se soucient pas de la réglementation se doivent d'être sanctionnées. Il est plus facile de ne rien dire et de balancer les polluants dans un ruisseau que d'avertir. Après tout, les poissons nous ne les voyons jamais....
Et si on faisait la même sur leurs élevages, quelles seraient leurs réactions ? Il y'a rien sur les photos ci-dessous ? Rien ? et dans 3 ans les pêcheurs auront oublié ? Qu'allons nous faire de nos jeunes pêcheurs en juin prochain pour l'école de pêche ?
Aujourd'hui cette pollution est non seulement regrettable mais est également bien au-delà de la "pêche", un véritable frein pour l'activité économique de notre secteur: tourisme, école de pêche, activités sportives sur les abords de la Boulogne mais surtout et là est le plus dramatique, elle vient de décimer des années d'efforts collectifs. Bien au delà de la mortalité piscicole, elle a atteint l'humain et le dégoût des bénévoles engagés.
Croyez-moi que la brèche est aujourd'hui profonde....